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 Moi ! [Madame de Sévigné]

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AuteurMessage
Madame de Sévigné
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Madame de Sévigné


Féminin Nombre de messages : 137
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MessageSujet: Moi ! [Madame de Sévigné]   Moi ! [Madame de Sévigné] EmptySam 19 Aoû - 21:17

Je suis née Marie de Rabutin-Chantal le 5 février 1626 et j'épousa en 1644, le marquis Henri de Sévigné...
Le 4 février 1651, Henri de Sévigné se battit en duel contre le chevalier d'Albret pour sa maîtresse, Mme de Gondran. Il mourut le surlendemain. Je me trouvai donc libre de mener ma vie à ma guise. Je fréquentai les salons, en particulier celui de Fouquet...

Le 27 janvier 1669, ma fille Françoise-Marguerite épousa François de Grignan, descendant d'une grande famille de Provence. Il s'installe d'abord à Paris, mais en novembre, il est nommé lieutenant général en Provence, charge qui l'oblige à résider dans sa province. L'éloignement de ma fille, à qui j'étais très attachée, fut pour moi la pire épreuve de ma vie. Le 6 février 1671, j'envoie ma première lettre à ma fille. Ce fut le début d'une longue correspondance, qui dura jusqu'à ma mort en 1696. Je fus inhumée dans le caveau seigneurial.

Mes lettres firent d'abord l'objet d'une première édition clandestine en 1725, comprenant 28 lettres ou extraits de lettres. Elle fut suivie de deux autres, en 1726. Pauline de Simiane, ma petite-fille, décida alors de faire publier officiellement ma correspondance. Elle confie ce soin à un éditeur d'Aix-en-Provence, Denis-Marius Perrin. Celui-ci publie 614 lettres en 1734—1737, puis 772 en 1754. Les lettres ont été remaniées et sélectionnées suivant les instructions de Mme de Simiane : toutes celles touchant de trop près à la famille, ou celles dont le niveau littéraire paraissait médiocre. Les lettres restantes ont souvent fait l'objet de réécritures pour suivre le goût du jour.

On trouve dans ces lettres, tout les potins de la Cour de Louis XIV... Wink
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MessageSujet: Re: Moi ! [Madame de Sévigné]   Moi ! [Madame de Sévigné] EmptySam 19 Aoû - 21:22

Extrait d'une mes lettres à monsieur de Coulanges, mon cousin :

"A Paris, ce lundi 15 décembre 1670

Je m'en vous mander [1] la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus secrète jusqu'aujourd'hui, la plus brillante, la plus digne d'envie : enfin une chose dont on ne trouve qu'un exemple dans nos siècles passés, encore cet exemple n'est - il pas juste ; une chose que l'on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon ?) [2] ; une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie Madame de Rohan et Madame d'Hauterive [3] ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire ; devinez-la :je vous le donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui, je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Mme de Coulanges dit : " Voilà qui est bien difficile à deviner ; c'est Mme de la Vallière. - Point du tout, Madame. - C'est donc Mlle de Retz ? - Point du tout, vous êtes bien provinciale.- Vraiment, nous sommes bien bêtes, dites-vous, c'est Mlle Colbert. - Encore moins. - C'est assurément Mlle de Créquy. - Vous n'y êtes pas. Il faut donc à la fin vous le dire : il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du Roi, Mademoiselle de…, Mademoiselle…, devinez le nom : il épouse Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi jurée ! Mademoiselle [4], la grande mademoiselle ; Mademoiselle, fille de feu Monsieur [5] ; petite-fille d'Henri IV ; Mlle Eu, Mlle de Dombes, Mlle de Montpensier, Mlle d'Orléans, mademoiselle, cousine germaine du Roi ; Mademoiselle, destinée au trône ; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur [6]."

Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous-même, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux, qu'on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer [7] ; si enfin vous nous dites des injures : nous trouverons que vous avez raison ; nous en avons fait autant que vous.


Adieu : les lettres qui sont portées par cet ordinaire [8] vous feront voir si nous disons vrai ou non."

Madame de Sévigné, Lettres, Lettre à Monsieur de Coulanges, 15 décembre 1670



N.B. Monsieur de Coulanges est le cousin de Madame de Sévigné
1. ici, transmettre, communiquer ;
2. Monsieur de Coulanges se trouve à Lyon ;
3. elles avaient épousé des personnes de condition inférieure ;
4. ce titre désignait la fille aînée du frère du Roi. Ici il s'agit de Mademoiselle de Montpensier, qu'on surnommait la Grande Mademoiselle ;
5. le titre de Monsieur était donné au frère aîné du Roi. Ici, il s'agit de Gaston d'Orléans récemment décédé.
6. ici, il s'agit de Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV.
7. peu spirituel ;
8. courrier ordinaire, c'est-à-dire partant à dates fixes.
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